Comme on l’a vu dans l’épisode précédent, il n’est pas rare que les victimes de harcèlement sexuel, d’une agression sexuelle et d’agissements sexistes mettent un couvercle sur leur souffrance. De nombreuses raisons peuvent conduire au silence : la honte, la peur de ne pas être cru(e), le manque de preuves, la crainte de subir des représailles professionnelles, l’incertitude quant à son avenir dans l’entreprise pour un(e) salarié(e) nouvellement embauché(e)…
Sans oublier les mécanismes psychiques inconscients qui bloquent la victime dans un état de sidération. Résultats ? Une incapacité à réagir et à parler, une amnésie partielle et une impression d’être spectatrice d’elle-même. Les violences sexuelles sont très traumatisantes, avec un risque de développer un état de stress post-traumatique, c’est-à-dire des troubles psychiques et comportementaux graves et durables (insomnies, dépression, tentatives de suicide, angoisse, perte de confiance, troubles du comportement alimentaire, troubles addictifs…).
A contrario, la libération de la parole est permise par le sentiment de légitimité et de reconnaissance dans l’entreprise (comme la validation d’une période d’essai pour Céline dans le podcast), le climat de confiance instauré par l’employeur, l’escalade de la violence vécue et la présence de témoins. Il a fallu que Grégoire, désinhibé par l’alcool lors d’une soirée du séminaire de mi-année, tente d’embrasser Céline pour que celle-ci se confie à Émilie et à Isabelle sur les comportements répétés de leur collègue à son encontre.
Une agression sexuelle est définie par les articles 222-27 à 222-30 du Code Pénal comme « un acte à caractère sexuel sans pénétration commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte, menace ou surprise ». Il s’agit d’un attouchement imposé sur le sexe ou toute autre partie du corps considérée comme intime et sexuelle (fesses, seins, cuisses, bouche…). Comme le baiser forcé de Grégoire, par exemple. Ce délit est passible de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende. S’il n’est, dans l’absolu, jamais trop tard pour dénoncer une agression sexuelle, la victime (majeure) doit déposer plainte dans un délai de 6 ans après les faits ; au-delà̀, il y a prescription.
Le processus qui conduit au signalement d’une agression sexuelle – passer de la souffrance et de la honte à la caractérisation de l’acte et à la dénonciation – est difficile pour la victime. C’est pourquoi il faut l’aider à raconter ce qui lui est arrivé et à mettre des mots sur la souffrance vécue en adoptant la bonne posture. Sa collègue Émilie crée un climat de confiance en assurant son soutien à Céline et lui confie qu’elle a elle-même vécu la même situation dans le passé. Grégoire est bel et bien un prédateur sexuel en série !
Pour le responsable RH ou le référent harcèlement sexuel et agissements sexistes, c’est plus compliqué. Maintenant qu’Isabelle est au courant, impossible de fermer les yeux sur les comportements déviants de Grégoire. Son rôle, lors de ce premier échange avec Céline, consiste à recueillir le signalement de la victime « à chaud » et de manière informelle. Elle doit non seulement avoir la bonne réaction, mais aussi agir en conséquence.
Si vous faites face à ce type de situation, vous pouvez utiliser les techniques de l’écoute active qui consistent à questionner la victime de manière bienveillante et authentique et à reformuler ses propos pour activer sa parole et clarifier son message. Instaurez confiance, respect et empathie avec votre interlocuteur pour qu’il puisse s'exprimer en toute liberté, sans pression ni jugement.
L’information est arrivée à votre connaissance – c’est un premier pas nécessaire. Reste à analyser les faits signalés et à mener l’enquête, mais aussi à accompagner la victime dans le retour au travail. Après l’événement qu’elle vient de vivre, Céline aura sans doute besoin de temps pour faire face à ce traumatisme.
Sensibiliser les collaborateurs et orchestrer une prévention efficace avec le référent HS