Quels sont les troubles mentaux courants dans le monde du travail ?

La santé mentale au travail dépend de nombreux facteurs. Un emploi stable, porteur de sens et socialement valorisant peut soutenir l'équilibre psychologique. En revanche, une charge de travail excessive, une pression hiérarchique constante, un manque d’autonomie ou une insécurité de l’emploi peuvent être à l’origine de troubles psychiques. En 2019, l’OMS estimait que 15 % des adultes actifs dans le monde souffraient d’un trouble psychiatrique. 

Le trouble mental désigne un ensemble de manifestations cliniques susceptibles d’altérer la perception de soi, des autres ou du monde. Ces affections, regroupées dans la classification internationale des maladies, peuvent être temporaires ou chroniques, légères ou sévères. Elles affectent la capacité de concentration, la motivation, la gestion émotionnelle et parfois les comportements en milieu professionnel. 

Parmi les manifestations les plus souvent rencontrées, l’anxiété et la dépression arrivent en tête. Ces deux affections sont responsables d’une grande part de l’absentéisme en entreprise et de la baisse de productivité. Selon l’OMS, leur impact économique mondial représente une perte annuelle de 1000 milliards de dollars. 

Le burn-out, syndrome d’épuisement émotionnel lié au stress chronique au travail, s’installe souvent de manière progressive. Il se manifeste par une perte d’intérêt, une fatigue persistante et un sentiment de dépersonnalisation. Il ne figure pas officiellement parmi les maladies mentales dans tous les systèmes de santé, mais son lien avec l’environnement professionnel est bien établi. 

Autres formes fréquentes : les phobies sociales, les troubles anxieux généralisés, les troubles obsessionnels compulsifs ou encore les troubles de l’humeur tels que le trouble bipolaire. Les troubles du comportement alimentaire, bien que plus souvent associés à la sphère personnelle, peuvent aussi être exacerbés dans un contexte professionnel stressant. 

Dans certains cas, des symptômes plus inquiétants peuvent apparaître : propos bizarres un retrait, isolement, extrême agitation violence fugues, comportements inhabituels ou encore pensées suicidaires. Ces signes peuvent annoncer un trouble psychiatrique sévère, comme la schizophrénie ou un trouble de la personnalité. La tentative de suicide extrême n’est jamais anodine et nécessite une prise en charge immédiate. 

Ces affections apparaissent souvent entre 20 et 30 ans, une période de la vie où l’on entre dans le monde du travail. Le manque d’accompagnement à cette étape peut entraîner un retrait du groupe familial, de l’équipe de travail ou du tissu social plus largement. 

Les causes des troubles sont diverses. On note l’influence des facteurs génétiques, de l’environnement social, mais aussi des conditions de travail. Une culture d’entreprise toxique, des horaires rigides, un manque de reconnaissance, l’absence de soutien managérial ou des tâches mal définies peuvent favoriser l’émergence de troubles psychiques. 

Par ailleurs, les événements traumatiques survenus dans le cadre professionnel, comme les agressions, les accidents graves ou l’exposition à la violence (notamment pour les métiers de la santé, de la sécurité ou de l’humanitaire), peuvent conduire à un stress post-traumatique. 

Les troubles mentaux chez les jeunes adultes sont particulièrement préoccupants. À un âge où l’on bâtit sa carrière et son identité professionnelle, la fragilité mentale peut être mal comprise, voire stigmatisée. Entre attentes élevées, précarité de l’emploi et pression sociale, les jeunes actifs sont exposés à de nombreux facteurs de vulnérabilité. 

Comment reconnaître un trouble mental ? Les manifestations varient selon les individus : repli sur soi, absences répétées, agressivité inhabituelle, erreurs fréquentes, perte de motivation… Ces signaux doivent alerter les managers, les collègues et les services RH. Il est important de rappeler la différence entre trouble mental et trouble psychique : le premier désigne une pathologie médicale, souvent durable ; le second englobe aussi les difficultés passagères ou réactionnelles, moins sévères, mais nécessitant une attention tout aussi sérieuse. 

La prise en charge des troubles mentaux au travail passe par plusieurs leviers : orientation vers un professionnel de santé, accompagnement psychologique, ajustements du poste de travail… La prévention des troubles mentaux en entreprise repose sur une stratégie globale de bien-être : favoriser un climat de confiance, instaurer des espaces de parole, prévenir le harcèlement, ajuster la charge de travail et promouvoir un management bienveillant. 

Les entreprises peuvent aussi proposer des formations en santé mentale à leurs cadres pour mieux détecter et gérer les situations à risque. La protection sociale, la souplesse des horaires, la reconnaissance du droit à la déconnexion et l’accompagnement des personnes en souffrance sont autant de bonnes pratiques à encourager. ;

L’impact des troubles mentaux sur la performance est réel. Outre l’absentéisme, on observe un phénomène de présentéisme : les salariés restent physiquement présents mais ne sont plus en capacité de travailler efficacement. La baisse de qualité, l’augmentation des erreurs et la dégradation du climat d’équipe peuvent s’installer durablement. 

Il est donc essentiel d’adopter une politique active de prévention des risques psychosociaux et de créer les conditions d’une santé mentale durable pour tous les collaborateurs. 

La prise en charge des troubles mentaux en France s’appuie sur un système de soins spécialisé et sur les actions des services de santé au travail. Toutefois, les délais pour obtenir un rendez-vous restent longs, et les stigmatisations persistent. Il convient donc de renforcer les passerelles entre entreprises, professionnels de santé et institutions. 

La maladie mentale, quelle que soit sa forme, ne devrait jamais être un obstacle à l’épanouissement professionnel. Les entreprises ont un rôle central à jouer dans l’inclusion, la détection et l’accompagnement des personnes en difficulté psychique. Identifier les signaux, comprendre les causes et déployer des actions concrètes permettent non seulement d’améliorer la qualité de vie au travail, mais aussi de renforcer la performance collective. 

Pour aller plus loin, notre catalogue de formation RPS-STT propose une approche complète et opérationnelle de la prévention des risques psychosociaux et de la santé au travail. Ces formations s’adressent aux professionnels des ressources humaines, aux membres du CSE, ainsi qu’aux managers soucieux d’agir concrètement pour le bien-être collectif. Nous proposons également une formation premiers secours en santé mentale, conçue pour permettre à chacun d’identifier les signes de détresse psychique et d’adopter les bons réflexes face à une situation critique. En dotant les équipes de repères concrets et d’outils pratiques, ces formations favorisent une culture de la vigilance et du soutien. S’engager dans ces parcours, c’est faire de la santé mentale une priorité durable au sein de l’organisation.