Poser le cadre de l’entretien
Une fois alerté d’une situation de harcèlement sexuel et après avoir recueilli le témoignage de la victime, il est temps de convoquer le présumé harceleur pour qu’il puisse s’expliquer à son tour et donner sa version des faits. Dès le début de l’entretien, veillez à mettre votre interlocuteur en confiance : votre rôle n’est pas de le juger mais de comprendre ce qui s’est passé et de protéger les victimes. Dans le 5e épisode du podcast Blâme, Isabelle est d’emblée souriante et accueillante pour mettre Grégoire dans de bonnes conditions en vue d’obtenir le plus de précisions possibles sur les événements. L'audition doit être individuelle, se dérouler dans un lieu fermé à l'abri des regards et sans écoute extérieure.
Avant de questionner le présumé harceleur, il est nécessaire de lui présenter sommairement la situation et la dénonciation d'actes de harcèlement, puis de l'informer sur :
Notez les réponses du salarié entendu. Après avoir posé différentes questions, relisez les réponses au salarié afin qu’il confirme l'exactitude des éléments transcrits. Ces pièces écrites à conserver précieusement pourront être utiles en cas de contentieux.
Professionnel VS personnel : savoir faire la part des choses
La proximité, et parfois l’amitié, avec un collègue de longue date peut nuire au bon déroulement d’un tel entretien. Grégoire, blessé dans son estime, se braque à l’évocation des « comportements inappropriés » qu’on lui reproche. Il s’appuie sur un registre émotionnel pour se défendre : « Tu me connais depuis des années… Comment on peut me faire ça ? Je ne suis pas un prédateur, enfin ! ». Il contre-attaque en mettant en avant ses points forts : son rôle de fédérateur – véritable pierre angulaire du team building – et sa performance dans l’entreprise dont il est le meilleur commercial. Le piège ? Se laisser prendre par les sentiments et tomber dans une empathie excessive.
Dans une situation de harcèlement sexuel, c’est tolérance zéro : aucune connivence n’est de mise de la part de l’employeur car sa responsabilité est en jeu. Le salarié présumé coupable doit prendre conscience de la gravité de la situation, du caractère condamnable de ses comportements, et de la nécessité d’y mettre fin. Rappelez-lui les règles concernant les agissements et propos sexistes, ainsi que les comportements à risque dans l’entreprise. Rien de tel qu’un rappel à la loi pour calmer un séducteur qui a franchi la ligne rouge !
Rester factuel
Pour mener cet entretien, il est important de rester calme, de vous en tenir aux faits, et surtout de recadrer avec fermeté la personne incriminée, a fortiori si l’échange devient conflictuel, et d’exprimer votre désapprobation. Informez-la qu’une enquête va être déclenchée sous l’égide du CSE. C’est parce les harceleurs potentiels sentent que leur comportement éventuel est remis en question dans leur environnement de travail qu’ils s’abstiendront d’adopter des conduites inappropriées, qu’ils auraient eu si cela était considéré comme « normal », avec un sentiment d’impunité.
Maintenant que vous avez compilé tous les témoignages, reste à analyser les faits et les circonstances rapportés. C’est au tour du CSE de déterminer si l’enquête se déroulera en interne ou avec l’aide d’un consultant extérieur.
Les dessous du mode opératoire